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Et j’ajouterais

 

Pourquoi réclamer une liberté à ne consacrer pourtant qu’à de futiles loisirs. La liberté se rencontre par-delà tout régime, elle est l’essence de tout transport, chacun peut retrouver la sienne et en renaître d’autant qu’aura su se rire en soi l’individu, tendrement.
Aussi, la liberté n’est pas un ascendant, elle n’est pas à confondre avec tous les « ismes » et les « chies » qui tentent encore maladroitement de faire office de sens. La liberté ne peut être un dogme ou une direction, elle n’est pas même contenue en son nom, elle est indéfinissable, la définir, serait encore l’enfermer en elle-même.
La liberté est un pays sans chemin.

Alors, premièrement observons, es-tu inquiet ?
Et si tu l’es, l’es-tu parfois pour autre chose que pour toi même, ta valeur, ton avenir, tes proches, ta vieillesse ou ta mort ?
Si c’est le cas, continue, tu verras bien !
J’ajouterais qu’à terme, l’inquiétude non-nominative nous révèle un espace neuf qu’illustre et qui lustre et qui lustre la vie.

Secondement, plus que par la détermination, réponds-tu parfois à tes tourments par le silence ?
Historiquement, sais-tu que de l’homme d’église au scientifique, de l’homme d’argent à l’amuseur public et par la volonté et la détermination de chacun d’entre nous, tout n’a été fait qu’incitant à croire à un éventail de perspectives qui ne souffle pourtant que le vent que tes poumons contiennent.
Du moins, jusqu’à présent !
Et j’ajouterais :
Aucune histoire, aucune idée n’aura de sens si elle ne sait fondre des chaleurs et des nuances du plus pur silence.

Troisièmement, méditant, tu t’affranchis de quelques aprioris culturels et historiques, parfois même du loisir et de l’information, cette négation directe des formations, informe et sans forme, et elle a été jusqu’à ce jour presque toute la culture.
Il n’y a en fait que la beauté.
Toiles de maîtres, symphonies, architecture et littérature ne sont que témoignages de la beauté.
Perfidie, violence et dictature ne sont que distorsions de la beauté.
Il n’y a que la beauté.
Et j’ajouterais :
Qui se met vaillamment en marche sans entendre, sans voir ni sentir la beauté ne participe qu’à l’ignorer mais,
il n’y a que beauté.
Et j’ajouterais encore :
Aimons silencieusement celles et ceux qui ont le geste de nuire, ils sont une part du monde que nous voudrions meilleur.
Si le geste de nuire a pu s’épanouir, c’est par un manque d’amour, bien sûr ! Et si un manque d’amour peut perdurer encore, c’est par mon manquement personnel.
L’amour n’est qu’en l’amour inconditionnel de tout ce qui est.

Quatrièmement, nous sommes de l’énergie entourée d’énergie.
Ton père souvent se plaint, en retour, ta mère le soumet, à ce sujet ta sœur t’interroge et toi tu restes indifférent.
Ou tu es indifférent ce qui fait que ta sœur t’interroge d’autant que votre mère vous intimide et que ton père s’en plaint.
Bref, tant de rôles arbitraires à distordre ensemble l’énergie sans pourtant parvenir à la chasser, tant l’énergie, tant l’amour sont vivaces.
Et j’ajouterais :
Pars rencontrer les plantes, l’humus et l’animal.
Eux seuls connaissent ta famille.

Et enfin, cinquièmement, redeviens le silence, seul son langage dit vrai.
Pour aimer le faucon, tu dois être le faucon. Pour aimer le rocher, redeviens le rocher. Pour comprendre le ruisseau, sens le couler en toi. Pour habiter l’arbuste, sois garant de l’enfance au sein même de ta chair.
Pour aimer quoi que ce soit, sois l’amour sans objet.
Et j’ajouterais :
Tu redeviens la terre si c’est elle qui s’éveille quand toi, tu ouvres les yeux.

Sixièmement, tu aimes enfin la terre. Tu pardonnes au faucon de narguer ton piètre envol. Tu pardonnes au rocher d’avoir glacé tes os. Tu pardonnes au ruisseau d’être la vraie constance. Tu te pardonnes enfin d’avoir douté de tout comme l’homme, seul, sait douter de la vie. Et tu pardonnes la mère, le père, la sœur, le frère et l’ami.
Et j’ajouterais :
En soi, le pardon se nomme reconnaissance.
Et reconnaître, c’est aimer.

Septièmement, enfin sentir sans différer un seul instant que ce qui est, quoi qu’il soit, est ce qui doit être puisque c’est ce qui est, et redevenir souverain de la pensée. Cette pensée faite de traditions comme de progrès qui nous suggère l’avant et nous invente l’après. Devenu témoin de la pensée, il ne prend qu’un instant pour que l’instant nous prenne.
Et j’ajouterais :
Rien ne t’appartient que tu veuilles posséder comme rien ne te contient à quoi tu te soumets.
Il n’y a que ce qui Est.

Huitièmement. Il est trop tôt pour en parler, ou peut-être, il est trop tard.
Par allégeance à ce qui Est, il n’y a que ce qui Est et ce qui Est est ce qui Est
À ce stade, il n’y a plus de mots, plus de sujet, parce qu’alors,
Qui parlerait ?

Illustration de Kazel