Y’a plus d’errance, on foule au pied des sentiers battus à mort.
Nous, aventuriers des marches perdues, tentons d’échapper aux ornières, aux projets raisonnables,
aux espoirs sans envergure, aux idées neuves qui se proclament nouvelles,
aux croyances étriquées qui se défendent à s’en distordre que tout pourra rentrer dans les ordres.
Y’a plus d’errance, sans mentir, y’a plus d’errance, y’a plus d’maitres et plus d’disciples,
sans mentir, restent des mentors et leurs sbires.
Y’a plus d’prophètes, y’a plus d’ascètes, même les ermites ont des amis sur internet.
Y’a plus d’Colomb, plus d’Galilée, et si pourtant elle tourne,
par ses révolutions on se révolte pour ce qu’on sème.
Y’a plus d’errance, y’a plus de flânerie.
Y’a plus d’errance, plus d’historiens sans sociologues, plus d’sociologues sans historiens,
pléthore d’experts pour hier et demain, quand pour ici et pour maint’nant, y’a plus rien.
Y’a plus d’errance, y’a des produits pour dériver, le mystère même a son emballage, son emballage est sans mystère,
y’a ces cargos pleins jusqu’à la gueule de containers de rien du tout.
Y’a plus d’errance, y’avait Byzance au bout du ch’min des Roms, quand aussi loin qu’on se souvienne,
les pavés sont scellés, dans nos mémoires leur mortier nie l’obsolescence.
Et tous les bandits d’grand chemin mènent aux Roms parait-il, aux ambassades,
aux embuscades, chez vous, chez moi, partout où l’on sait où tout nous mène.
Mais, y’a plus d’errance, y’a plus de flânerie.
Y’a plus d’naissances même, y’a plus d’naissances, y’a qu’des vieilles âmes,
des âmes bénies, des âmes cassées, des âmes bâtées, qui jettent un œil au loin,
qui jettent un œil sur hier, et un troisième à leurs pieds.
Restent trois yeux ouverts au quotidien, trois yeux ouverts sur un jardin,
et déjà, on s’ra loin.